jeudi 8 décembre 2011

Finance et contrôle social

Depuis la crise étasunienne des « crédits immobiliers toxiques » de 2007 jusqu’à la crise européenne des « dettes publiques » de 2011, il semble que l’on n’ait pas appris grand-chose de nos déboires. Les bourses du monde entier continuent d’être ces lieux sans corps où une poignée de cerveaux détournée de plus nobles usages continue de se tailler des queues en or (ça ne veut rien dire mais c’était pour la contrepèterie…je vous laisse chercher), tandis que la croissance et le crédit continuent de danser, devant les yeux ébahis des épargnants, leur valse pompeuse du plein et du vide, du mal-être et du néant !
Car c’est bien de cette alternative que se nourrit l’économie financière : du vide d’un côté, cet appel d’air d’investissements dans lequel s’engouffre le crédit ; et du mal-être de l’autre, cette course à la croissance auxquelles les entreprises acceptent de s’adonner, aiguillonnée d’ailleurs par les échéances des crédits qu’elles ont pu contracter, et mettant en branle la tectonique socialement douloureuse des ajustements structurels et des délocalisations.
On s’est scandalisé en 2007 de la diabolique titrisation que les banques étasuniennes avaient orchestrée, en mélangeant dans leurs chaudrons sans fond des crédits de ménages insolvables avec des crédits de ménages aisés ou riches, et en répétant l’opération jusqu’à ce que même les plus démunis des hobos puissent prétendre devenir propriétaires. On a crié sur tous les toits qu’on ne voulait plus de « subprime » et que les financiers étaient vraiment irresponsables ! Mais avait-on touché le fond du problème ? Aujourd’hui, la situation est analogue: tout le monde semble d’accord pour critiquer les agences de notations. Les plus libéraux d’entre nous vilipendent ces instituts non-indépendants qui sont rémunérés par leurs clients et qui font et défont les gouvernements des pays imbéciles qui ont accepté de se défaire de leurs banques centrales pour ne s’endetter qu’auprès des marchés ! Et tandis que les gouvernements de l’Europe du Sud continuent de tomber, poursuivant tel un effet domino parfaitement circulaire le mouvement de chute des régimes commencé en janvier en Tunisie et dont Zapatero, il y a deux semaines, fut la dernière victime, on n’en a que contre ces exécrables agences qui fourvoient un système bien pensé vers l’ornière de le défiance, puis de la crise ! Là encore, ne sommes-nous pas en train de nous acharner sur un arbre qui cache une forêt bien plus effrayante ?
La mission des marchés financiers, c’est-à-dire des bourses de valeurs où se négocient les titres des entreprises, c’est, en dernière analyse d’alimenter la croissance. Or la croissance passe par les performances des entreprises, lesquelles ne peuvent s’accroître sans investissements, investissements qui peuvent requérir des emprunts. Maintenir la disponibilité du crédit, voilà donc la sacro-sainte mission des marchés financiers, mission pour laquelle les états vont de plans de sauvetage des banques en plans de rigueur des dépenses publiques.
En réalité, tout se passe comme si le capitalisme financier, en projetant systématiquement les difficultés du moment dans un horizon vague de performances futures, offrait des miettes de présent (la somme de l’emprunt) en échange de gros morceaux de futurs (l’emprunt + les intérêts), taillés par ses soins à l’image du travail et de la rentabilité. L’économie du crédit, dont la finance est le maître-d’œuvre, opère ainsi selon la même logique que ce management par « projets » dont les sociologues Luc Boltanki et Eve Chiapello faisait un des piliers du 3ème esprit du capitalisme qui sévirait aujourd’hui. C’est le même principe de mobilisation des forces présentes vers une réalisation future. C’est le même mécanisme de contrôle social par l’hypothèque des avenirs et la course à la performance.
Les partisans de cette économie sans rétroviseur, croissant sans mesure et comptant les bulles éclater dans son ciel pacifié, proposent aux peuples le pacte suivant : « pour continuer à marcher aujourd’hui, demain vous devrez courir !...mais attention, sans jamais cesser d'aller au pas ! ».

mercredi 9 novembre 2011

Entretien avec Philippe Descola, professeur d'Anthropologie Sociale au Collège de France

Dans le cadre du festival Jean Rouch, Radio Campus Paris organise une émission exceptionnelle le jeudi 17 novembre à la Maison des Cultures du Monde, de 17h30 à 19h, sur le thème "les sociétés et modes de vie traditionnels dans la mondialisation". Cette émission-débat d'1h30, en public et où ce dernier sera amené à prendre la parole dans la dernière demi-heure, verra deux anthropologues visuels de renom: Marc et Colette Piault, débattre avec deux jeunes chercheurs en ethnologie du Laboratoire d'Antrhopologie Sociale.

Afin de préparer cet évèenment, Radio Campus Paris est allé à la rencontre de Philippe Descola, titulaire de la Chaire d'Anthropologie Sociale, fondée en 1959 par son maître et directeur de thèse Claude Levi-Strauss. Spécialiste des Achuar, Philippe Descola a beaucoup travaillé sur ce qu'il appelle les modes de socialisation de la nature, et qui ne sont autres que les différentes façons qu'ont les sociétés humaines d'entretenir des relations (pas seulement instrumentales, mais rituelles et mythiques) avec leur environnement non-humain (animaux, végétaux, minéraux confondus).

Au cours de cet entretien, réalisé au Laboratoire d'Antrhopologie Sociale, rue Cardinal Lemoine, nous avons voulu aborder l'évolution historique de ces sociétés, dont les ouvrages d'ethnologie ont tendance à nous fournir des instantanés qui perdurent dans nos esprits malgré le temps qui passe et la mondialisation qui s'accélère; nous avons aussi parlé du rôle des anthropologues dans la tenue de relations contrôlées et non-prédatrices entre le monde industriel et ces petites sociétés (au sens numérique de l'expression) qui peuvent sembler si fragiles...

dimanche 6 novembre 2011

La sociologie et le langage des arts

Le sociologue n’a, vis-à-vis de l’art, et en particulier de la littérature, cousine par l’alliance de l’écrit de toute science sociale, aucune des facilités dont jouissent ses voisins historiens et anthropologues. Tandis que l’histoire va chercher dans la poussière du passé des mystères propices à un écart vers le romanesque, l’anthropologie trouve dans les coutumes et les mythes qu’elle ramène de contrées lointaines la matière de récits dont la collection Terre Humaine a fini de prouver la valeur littéraire.
Mais le sociologue n’a la plupart du temps ni les ressources du lointain dans le temps –ce passé chasse-gardée des historiens-, ni celles du lointain dans l’espace –ces ailleurs que les anthropologues se proposent de nous rendre intelligibles- ! Le sociologue écrit sur ce qui ce passe ici et maintenant : point d’avant ni d’ailleurs si ce n’est comme éclairage du présent…dès lors, il peut sembler plus difficile aux praticiens de cette discipline de franchir le rubicon séparant l’"écrit analytique" de l’"écrit esthétique".
C’est pourtant ce que proposent Michel Maffesoli et Howard Becker ! Le premier propose carrément aux sciences sociales un « nouveau paradigme esthétique : la sociologie comme art » : c’est le titre de l’article qu’il publia à ce sujet en 1985 dans la revue Sociologie et Sociétés ; le second, dans un ouvrage plus récent, paru en 2009 et intitulé « Comment parler de la société. Artistes, écrivains, chercheurs et représentations sociales », propose une nouvelle méthode sociologique, foisonnante et pluridisciplinaire, qui utiliserait les vertus du théâtre, de la photographie, du dessin et bien sûr du roman dans l’activité même de recherche et de sa restitution…
Nouveau paradigme d’un côté, nouvelle méthode de l’autre : voilà la sociologie armée pour entreprendre sa métamorphose artistique. Mais pourquoi, au juste, la description de la société aurait-elle besoin du langage des arts ? Maffesoli écrit : « nombre d’adhérences télévisuelles, de fascinations fictionnelles ou même d’effervescences politiques sont sans cela [le paradigme esthétique] incompréhensibles : du corps mystique qui chaque semaine se crée autour de Dallas [nous sommes en 1985 !] à l’afoulement des grands magasins ou autres rassemblements sportifs, on retrouve une interaction affective qui se moque bien de nos jugements de valeur », et qu’on ne peut comprendre, poursuit-il qu’avec « une conversion de l’esprit qui fasse de nous [les sociologues] non plus des critiques, des contempteurs mais bien des esthètes de l’existence ».
Becker, lui aussi animé par le désir de se libérer de ce qu’il appelle, la « tyrannie des formes conventionnelles », propose à ses étudiants d’écrire non des dissertations mais des petites pièces de théâtre, et de restituer leurs travaux non en exposés mais en performances…ces « performances de sciences sociales » dont il encourage la diffusion sont d’ailleurs la matière première de son livre puisque ce sont les discussions avec ses étudiants sur le statut de la connaissance produite par ce biais qui l’ont amené à l’écrire…
Ainsi, les deux sociologues font-ils le même constat de l’inadéquation du langage conceptuel de la sociologie à la description la plus complète possible des faits de société. Ces derniers seraient trop nombreux et trop fins pour que le tamis grossier d’une sociologie purement écrite et analytique parvienne à les recueillir.
Si l’on revient un peu en arrière et que l’on met en vis-à-vis ces propositions avec la volonté des Durkheim ou Bourdieu de faire de la sociologie une science à part entière, cela semble coincer un peu !
En effet, supposons un instant que les sociologues se mettent à écrire des romans de stratification sociale, des poèmes d’analyse structurale, ou à mettre en scène des enquêtes ethnométhodologiques, qu’adviendrait-il des sacro-saints principes de falsifiabilité et de cumulativité ? Toute œuvre de fiction ne les fait-elle pas voler en éclat ?
Pour Maffesoli, et son paradigme esthétique, cela ne poserait aucun problème puisqu’il propose de maintenir en même temps qu’une sociologie comme art une sociologie « sociologisante », c’est son mot, dont on s’imagine qu’elle continuerait à respecter les critères de scientificité.
Pour Becker, il semble que les arts aient des vertus plus méthodologiques et restitutives qu’épistémiques. Dit plus simplement, les arts aiguillonnent la pensée sociologique ou bien la rendent accessible autrement, mais ils ne remettent pas en cause la nécessité d’avoir recours à un langage conceptuel et technique dans les communications scientifiques.
Tout compte fait, les sociologues auraient intérêt à aborder la question de leurs relations aux langages artistiques d’une manière plus détendue. Eux qui passent un temps considérable à s’escrimer dans des séminaires aux formats tous plus innovants les uns que les autres, ne pourraient-ils pas considérer que les arts, sans remettre en cause le contenu de leur recherche, pourrait en revanche lui fournir de nouvelles formes. Martín, ici présent, a ouvert sa présentation au dernier congrès de l’Association Française de Sociologie par une micro-fiction : cela ne l’a pas empêché ensuite d’exposer ses résultats dans la plus docte tradition académique !
Loin des ruptures épistémologiques maffesoliennes, l’art en sciences sociales pourrait n’être finalement qu’un des formats utilisés pour des recherches dont le contenu, lui, resterait soumis aux règles établies de la scientificité.

mardi 11 octobre 2011

Fracas de sabots,
Dans un sillage de poussière
Flotte un rêve d'ouest.

dimanche 9 octobre 2011

Melancholia ou la dérive astrale de Lars Von Trier

Quel mauvais tour Lars Von Trier a-t-il voulu jouer aux amoureux de Verlaine ? Melancholia, le titre de son dernier film, est aussi celui de la première partie des Poèmes Saturniens. Cette regrettable conjonction onomastique ne doit pas laisser croire un instant que l’œuvre maîtresse du « Prince des poètes » aurait pu trouver là un lointain écho au sein du septième art. Le film du réalisateur danois, pourtant récompensé à Cannes, s’égare entre ciel et terre, se délecte de poncifs psychologiques cents fois mis en images et finit par perdre le spectateur dans des tableaux alanguis que quelques pépites de mise en lumière et de plastique visuelle ne suffisent pas à rendre supportables.
La trame semblait pourtant tenir debout : une assemblée de gens fortunés célèbre le mariage de Justine (Kirsten Dunst) et de son ineffable époux. La fête a lieu dans un manoir huppé, sur les rives d’un lac et au beau milieu d’un impeccable golf dix-huit trous, mais Justine, la mariée rayonnante et insaisissable, révèle au peu à peu qu’elle n’est pas la femme heureuse et insouciante qu’on lui demande d’être. Sa sœur Claire (Charlotte Gainsbourg) le sait et, en tant que maîtresse de cérémonie, fait tout pour contenir le doute et la folie de Justine. En vain, celle-ci triomphera de l’ordre autoritaire que l’institution du mariage voulait lui imposer. Elle laissera le vide et le chaos derrière elle et pourra alors se donner toute entière à la perspective envoûtante d’un anéantissement cosmique. C’est l’objet de la deuxième partie du film où Justine, complètement déboussolée, observe l’approche de Melancholia en compagnie de Claire, sa sœur, de son beau-frère et de son neveu.
Mais à quelle sensibilité, à quel profil psychologique, à quel regard esthétique, Lars Von Trier a-t-il voulu s’adresser ?
Sa réflexion métaphysique sur le sens de la vie au milieu du silence des espaces infinis semble si soucieuse d’éviter les verbiages, si avide de signes obscurs et de non-dits, qu’elle finit par nous perdre dans le sillage de cette planète qui lui sert de décor. Si la métaphysique du réalisateur danois ressemble aux verdicts péremptoires des astrologues, sa sociologie n’est pas plus raffinée. Melancholia égrène les clichés sur la haute société, laquelle, érigée pour l’occasion au rang de métonymie du genre humain, se résume à un joyeux cocktail d’avidité (le patron de Justine), de froideur (la mère), de formalisme ridicule (le maître d’hôtel) ou de pitoyable insouciance (le père). Les choses gagnent-elles à être si simples ?
A l’inverse, quand elles devraient être complexes, elles se font obscures. Les sursauts énigmatiques du caractère des deux sœurs ne trouvent jamais d’explication véritable. Les personnages oscillent entre émerveillement et stupeur vis-à-vis de la trajectoire de Melancholia, mais ils semblent vivre cet évènement chacun de leur côté, en vase clos, et ne partagent que des banalités sur l’éventualité d’une collision. Apocalypse sidérale d’un côté, dialogues sidérants de l’autre !
Si Melancholia est un poème en images, il n’a décidemment rien à voir avec la mélancolie verlainienne.

samedi 17 septembre 2011

L’art contemporain est ce moment de la créativité humaine où le regard du visiteur a du se détourner des œuvres pour s’absorber dans la lecture des étiquettes.

vendredi 2 septembre 2011

Transhumanisme, posthumanisme: entretien avec Jean-Michel Besnier

Voici en intégralité un entretien réalisé pour Radio Campus Paris avec le professeur de philosophie Jean-Michel Besnier, auteur entre autres titres de: Demain les posthumains: le futur a-t-il encore besoin de nous?, ou encore: La croisée des sciences: questions d'un philosophe.
Vous pouvez également retrouver l'émission Dessine-Moi Un Mouton, pour laquelle a été réalisé cet entretien: http://www.radiocampusparis.org/societe/dessinemoiunmouton/transhumanisme-et-robotique-lavenir-de-lhomme-est-il-humain/

PARTIE I:

PARTIE II: Réalisation de l'entretien: Hugo Vermeren & Emile Gayoso

vendredi 1 juillet 2011

mardi 19 avril 2011

Japon

Japon,
Je t’ai vu souffrir et je te comprends mieux.
J’ai vu ta terre trembler,
J’ai vu ton corps meurtri,
J’ai vu cette lame létale
Laver tes plaies boueuses
Et les ouvrir encore,
Les ouvrir comme les failles
Qui béent sous tes murailles,
Ces failles qui te tuent
Et sur lesquelles pourtant
Tu reconstruis toujours
De nouvelles fondations.

mercredi 16 mars 2011

La société plasma: penser les révolutions arabes.

Depuis la révolution tunisienne, qui a causé l’effondrement de la caste Ben Ali, jusqu’au soulèvement du peuple égyptien qui a eu raison de la ténacité d’un dictateur cousu d’or, un souffle de rage politique d’une portée et d’une ténacité exceptionnelle parcourt le monde arabe.
Alors, bien sûr, certains analystes très respectables nous disent :
« Parler de révolution pour la Tunisie et l’Egypte est encore prématuré! Pour l’instant, l’Ancien Régime est certes renversé, mais le Nouveau n’est pas encore érigé ! Ce n’est qu’après la conversion en institutions stables et démocratiques du mouvement social que nous pourrons savoir si Oui ou Non il y a eu révolution.»
Soit… il est encore trop tôt pour savoir si les renversements respectifs des clans Ben Ali et Mubarak se poursuivront par la destruction des oligarchies militaro-financières qui gouvernent ces pays, et par l’élaboration de véritables institutions redistributives et démocratiques !
Mais que cette prudence ne nous fasse pas ignorer le caractère exceptionnel du soulèvement des peuples tunisien, égyptien, yéménite, bahreïnien et libyen.
Exceptionnel d’abord au regard de l’histoire récente. Si le 11 septembre 2001 a tristement inauguré la première décennie du XXIème siècle, le 14 janvier 2011 – date de la chute du despote de Carthage– symbolise l’entrée dans une ère nouvelle où l’Islamisme cesse d’être la métonymie systématique à laquelle on réduit le Monde Arabe.
Exceptionnel ensuite par sa fulgurance, dans le temps, et son ampleur dans l’espace. De l’immolation de Mohammed Bouazizi à Sidi Bouzid le 17 décembre jusqu’au départ de Ben Ali le 14 janvier, moins d’un mois s’est écoulé ! De cette fuite honteuse vers l’Arabie Saoudite à celle du 11 février d’un frère en tyrannie mandarinant au pays des pharaons depuis 3 décennies : moins d’un mois également ! Ensuite, c’est un véritable feu de poudre qui embrase le Monde Arabe : le Yémen, Bahreïn et la Libye suivent immédiatement ! Des manifestations ont lieu en Algérie, au Maroc, en Syrie, et continuent à l’heure qu’il est de s’étendre…
Une fois, donc, que l’on a pris acte du caractère exceptionnel des évènements tout en ayant reconnu ne pas être en mesure de statuer sur l’"authenticité révolutionnaire" de ces mouvements insurrectionnels, rien ne nous empêche de tenter d’expliquer les ressorts de l’émergence et de la diffusion de revendications, de mots d’ordre et de pratiques politiques inexistantes en temps normal. C’est ce que nous nous proposons de faire en jouant d’une métaphore avec les différents états de la matière…
La matière existe sur notre planète sous la forme de trois états: solide, liquide et gazeux. Dans ces trois états, qui correspondent aux formes d’existence d’une structure moléculaire dans différentes conditions de température et de pression, les atomes sont les constituants élémentaires de la matière, et c’est par la mise en commun d’électrons avec d’autres atomes qu’ils créent l’infini diversité des structures dont nous sommes faits et parmi lesquelles nous vivons. Lorsque la température du milieu augmente de manière drastique, les atomes peuvent se défaire, c’est-à-dire que les liens qui unissent les électrons au noyau atomique peuvent se briser : on obtient alors un plasma ! C’est dans cet état que se trouve la matière du cœur des étoiles et aussi, quoique dans une moindre mesure, le mélange de gaz de nos écrans plats.
Dans ce nouvel état, la matière a des propriétés totalement nouvelles, car ses structures élémentaires ne sont plus les atomes mais leurs constituants même. Les noyaux et les électrons baignent ainsi dans un milieu rendu extrêmement conducteur par la libération des électrons, lesquels réagissent désormais collectivement aux contraintes extérieures. Le plasma est donc un milieu à la fois très conducteur et à comportement collectif.
C’est cette dernière propriété qui nous intéresse lorsqu’on tâche de comprendre comment une société entre en révolution. En effet, pour qu’elle y parvienne, quelles que soient les circonstances, elle aura besoin de « conduire » l’information efficacement et s’appuiera sur des « comportements collectifs » de masse à même de créer un rapport de forces avec les autorités en place ! Pour entrer en révolution, une société doit se transformer en plasma social.
Mais dans une société à l’état normal –entendez : pas en période révolutionnaire– faite d’individus, ce n’est pas l’atome qui constitue la structure élémentaire du social et ce n’est pas la température, n’en déplaise à Montesquieu, qui agit sur cette matière sociale en la faisant changer d’état. En fait, il n’y a pas une mais plusieurs structures élémentaires sur laquelle une société repose. Parmi celles-ci, citons au moins la famille et l’entreprise, qui pour des milliards d’êtres humains sont les principaux processus situés structurant leur quotidien. Les forces macroscopiques qui agissent sur la société sont bien connues : chômage, autoritarisme politique, asphyxie médiatique, etc…
Ainsi, lorsque l’action cumulée de ces forces exercent sur la société une pression importante et que dans le même temps, la société est dotée d’instruments de communication efficaces (la Tunisie est le pays d’Afrique le plus connecté à Internet et ses jeunes sont issus de cette même « génération parabole » que leurs voisins algériens nés dans les années 80), les conditions sont réunies pour que les structures normales, ordinaires, de la vie sociale explosent ! N’est-ce pas ce qui s’est produit en Tunisie lorsqu’après l’immolation de Mohammed Bouazizi d’autres actes désespérés ont suivi, puis des grèves générales, puis des manifestations permanentes, puis des sit-in transformant l’espace urbain en tribune politique à ciel ouvert en même temps qu’en champ de bataille avec la police….le caractère crucial de la transmission de l’information n’est-il pas, quant à lui, révélé par les fermetures, plus ou moins totales et prolongées, de l’accès à Internet qu’ont ordonnées Moubarak et Kadhafi, aussi bien que par les brouillages de programmes télévisés de la chaîne panarabe Al Jazira, principal relai des vidéos amateurs tournées par les manifestants ?
C’est le moment où les entreprises et les foyers se vident et où la rue déborde. C’est le moment où les citoyens cessent d’être les rouages des institutions ordinaires pour exister dans cet état paradoxal où l’individu particulier prend vie dans une foule anonyme. Le langage courant parle bien d’électrons libres pour ces personnes sur lesquelles les normes ont peu d’emprise ! Dans l’état plasma, les individus qui dans leur quotidien étaient des travailleurs, des consommateurs, des usagers et des parents, tous engagés dans les rôles propres à toutes ces scènes de la vie sociale, sont en liberté dans l’espace public, hors de toute norme et prêts à les redéfinir.

samedi 12 février 2011

Des poèmes pour briser le silence- 9 février

Avec l’amour né de mes rêves


Traversant le cœur de l’azur

insondable, embrouillé de routes,

mais, accompagné d’espérances

insignifiantes mais certaines,

je regarde la géographie secrète

plongée dans un éclat de neige,

territoire de ce qui est indéfini,

mirages de la liberté.

La fatigue est là, mais je ne me rends pas.

Il y a des coupures, mais je ne saigne pas.

Tant de fatigue, tant de douleurs,

Je les calme avec l’amour né de mes rêves

Fait d’une matière invincible

Que ne reconnaissent pas les gardiens.


Tony Guerrero (traduit de l'espagnol par Annie Arroyo)

vendredi 11 février 2011

Des poèmes pour briser les silences: 11 février

C’est vous

Sans crainte, au milieu de la tourmente,

j’imagine que je vais de par le monde

comme si épaule contre épaule,

cheminaient avec moi des bras invincibles.

Passeront avec leurs ailes sombres

bien d’autres nuit glacées

sans pouvoir anéantir l’aurore

du jour qui verra la fin de l’injustice.

Frères et sœurs de la lutte

solidaire qui se multiplie

comme feuilles au printemps :

c’est vous qui nous donnerez la victoire,

c’est vous qui serez avec nous

au grand jour du retour !


Tony Guerrero (traduit de l'espagnol par Annie Arroyo)

jeudi 10 février 2011

Des poèmes pour briser le silence-10 février

Ile de soleils

Depuis mon enfance à la maison et à l’école,

dans ma jeunesse de lieu en lieu,

toute ma vie, et jusque dans mes rêves,

tu as habité mon cœur.

Ile de soleils qui offre à tous

palmiers et plages, oiseaux et fruits,

cet été brûlant que j’aime,

cet arbre libre dans la campagne

prête chaque jour à cultiver la fleur

indispensable de l’espérance,

tu fais toujours vivre en moi la paix.

Ton amour me pousse, ton amour me comble

de lumière, oh ma patrie, viendra le retour

et ton baiser qui nous attend.


Tony Guerrero (traduit de l'espagnol par Annie Arroyo)

mercredi 9 février 2011

Des poèmes pour briser le silence- 9 février

Dans ma solitude


Dans ma solitude je dis ton nom

et ses lettres sont un soleil naissant

parmi les nuages du point du jour

où les fleurs s’ouvrent, lumineuses.

Je le dis au passage aux angles

Des chemins que forge et défait la pensée

Et dans mon soliloque avec ton nom

Je ne distingue ni ombres ni lumières.

Je le dis sans que personne ne m’écoute

Et ma voix est pleine d’une émotion intime

Qui blesse à peine l’air et le silence.

Aux questions du firmament

je réponds, levant le regard

jusqu’à l’éternité de ton nom.


Tony Guerrero (traduit de l'espagnol par Annie Arroyo)

mardi 8 février 2011

Des poèmes pour briser le silence- 8 février


Ce soir


Ce soir, quand un silence revêche

comme le manteau de l’obscurité

me recouvrait, et que l’incertitude

de tempêtes de neige me grisait,

l’amour provoqua une douleur aiguë

dans les fibres de mon cœur,

des élancements d’absences perpétuelles.

Pendant un bout de temps je restai éveillé.

Ce soir, face à la solitude

que les hier font résonner je me suis dit :

Toutes les heures sans sommeil de ma vie

ont défriché ce long sentier

sur lequel les mortels dangers

n’ont pu mettre à mal la lumière.


Tony Guerrero (traduit de l'espagnol par Annie Arroyo)

lundi 7 février 2011

Des poèmes pour briser le silence- 7 février

Aujourd’hui j’ai écrit

Aujourd’hui j’ai écrit à plusieurs amis,
à aucun je n’ai conté le rosaire
des vicissitudes que j’ai subies
(plus que ce que chacun imagine).
Dans ces lignes je leur fais savoir
que cette cellule, sans rien et sans personne,
est pour moi un lieu de retraite
où je me libère de mes chaînes.
Comme d’autres fois dans ma vie, ce mitard,
sans hâte je le remplis de lumière
pour qu’au sein du vide affleure
la splendeur qui fait de mon cœur
une source de l’amour,
de cet amour avec lequel à tous j’écris.

Tony Guerrero (traduit de l'espagnol par Annie Arroyo)

dimanche 6 février 2011

Des poèmes pour briser le silence- 6 février

Femme

Femme, tu déferles dans mes pensées

comme les vagues sur la plage ;

tu entres soudain sur mes grèves de sable,

puis à la mer tu repars à nouveau.

Tu es ainsi, une houle indocile,

un va et vient incessant des eaux

où mon cœur se noie

à déchiffrer ton corps vague après vague.

Tu sais déjà que je reviendrai,

pourtant tu ne sais ni mon nom

ni que je me souviens de tes baisers.

Peut-être qu’un jour, lorsque ta peau

détruira ce château de l’absence,

je t’ouvrirai la trame de mes vers.


Tony Guerrero (traduit de l'espagnol par Annie Arroyo)

samedi 5 février 2011

Des poèmes pour briser le silence-5 février

Le silence est vert


Le silence est vert, tout soudain,

mon cœur fertile, lentement,

habitué aux choses naturelles,

se vêt des feuilles vertes du désir.

Des souvenirs du bois et de la pluie

émergent avec leur souffle caché

et je sens à nouveau dans ma gorge

l’ardeur des jasmins et du sang.

Dans la foulée, mon cœur évoque

de fidèles regards de pur amour,

des baisers au creux de la nuit,

des caresses qui apaisèrent mon âme.

Mais où donc sont aujourd’hui ses yeux,

ses lèvres, ses mains douces et pures ?


Tony Guerrero (traduit de l'espagnol par Annie Arroyo)

Des poèmes pour briser le silence-4 février

Des souvenirs et des mots qui cherchent

des réponses au néant et à ce qui se passe,

viennent dans l’enceinte du présent

comme abeilles au rayon de miel.

Le battement de leurs ailes inonde

l’air de trépidantes flammes

et une douceur cristalline entoure

l’écho du mot amour.

Une soif passionnée de lumière,

d’aromes, de voix et de formes

vers l’invisible m’emporte et mon âme

ne voit que la face d’un passé

qui tournoie jusqu’à disparaître

en lentes spirales de fumée.


Tony Guerrero (traduit de l'espagnol par Annie Arroyo)

jeudi 3 février 2011

De la comparaison à l'analogie

La comparaison et l'analogie sont des formes de raisonnement logique et esthétique très fréquemment utilisées ; mais qu'est-ce qui les différencie, au juste ? Ne s'agit-il que d'une distinction savante entre deux catégories qui, en pratique, recouvrent les mêmes réalités ?
De loin, en adoptant une grossière focale logique, il pourrait sembler que les actes de comparaison et d'analogie se confondent dans une catégorie plus vaste de processus cognitifs que l'on pourrait rassembler sous l'expression de "mise en relation d'objets a priori hétérogènes".
En fait, au sein de cette grande famille des processus de "mise en relation d'objets a priori hétérogènes", la comparaison et l'analogie procèdent de mécanismes cognitivo-perceptifs distincts : tandis que la comparaison saisit dans sa globalité un objet pour le mettre en rapport avec un autre objet, lui aussi saisi dans sa globalité (Pierre ressemble à Paul), l'analogie capte la relation qui unit un élément d'un système à un autre, avant de la comparer à une autre relation (dite analogue) unissant deux éléments d'un autre système (Pierre est aussi débraillé que Paul est mal peigné).
Si la comparaison saisit dans le réel des correspondances métaphoriques (relation d'un tout à un autre tout), l'analogie perçoit dans le réel des relations logiques entre correspondances métonymiques (relation d'une partie à un tout). C'est-à-dire que l'analogie compare deux tout pris, non en tant que totalités indivisibles, mais en tant que systèmes, id est ensembles finis de relations logiques entre éléments simples.
Ainsi, la comparaison a un caractère élémentaire que l'analogie n'a pas : elle est la plus petite opération logique servant à mettre en relation deux tout. L'opération élémentaire complémentaire de la comparaison serait alors la métonymie, qui pourrait se définir comme la plus petite opération logique mettant en relation un tout avec ses parties. Ce n'est qu'à partir de ces deux opérations élémentaires que l'analogie est possible. On comprend dès lors le caractère fondateur de cette opération pour l'esprit humain et sa rationalité scientifique. Nombre de philosophes (Bachelard, Duhem) et d'anthropologues (Levi-Strauss, Descola) l'ont d'ailleurs déjà souligné.
C'est en effet par la mise en correspondance d'expériences sensorielles et cognitives distinctes que petit à petit, peut se contruire l'intelligibilité d'un monde. Voilà donc le rôle primordial de cette opération logique : tisser des liens entre l'infinie diversité des expériences du monde vécues par l'homme, faire de l'Un avec du Multiple, réduire l'Autre au Semblable.

Des poèmes pour briser les silences: 3 février

La jeune fille des cachets

La jeune fille qui donne les cachets

à ceux qui ont besoin de calmants

a un visage d’ange, elle me rappelle

une fiancée du temps jadis.

Chaque nuit elle fait une ronde,

de sa voix elle brise le silence,

et moi j’abandonne ce que je faisais

pour la voir passer, juste un instant.

Elle ne me regarde jamais dans les yeux

là où je garde bien cachés

tant de visages d’âges et de mondes,

tant de nuits aux étoiles sans nombre,

tant et tant de venues et d’allées…,

la jeune fille qui donne les cachets.


Tony Guerrero (traduit de l'espagnol par Annie Arroyo)

Des poèmes pour briser les silences: 2 février

Nuit séductrice qui m’appelle

du fond des abîmes du silence.

Ah, nuit magnanime et magnétique,

fiancée encore inviolée de l’oisiveté!

Nuit errante, magicienne aux yeux

de la couleur de l’arc-en-ciel.

Nuit folle, pleine de blancheur

Pour ajouter au désir l’insomnie.

Nuit dénudée sur la terre,

avant de partir vers des rivages sans nom

étreins-moi, regarde-moi, permets-moi

de toucher ton corps pour sentir

la houle de plages aimées

bien cachées dans l’obscurité.


Tony Guerrero (traduit de l'espagnol par Annie Arroyo)

mardi 1 février 2011

Des poèmes contre l'oubli-1er février

J’ai dit non à la moite quiétude.

Je me suis dressé sur le sol nu,

j’ai fait le premier pas, puis le second,

peu à peu je devenais pluie.

Au début, ce fut le scepticisme

et ensuite vint la dépendance.

Plus avant apparut l’antithèse

et avec elle le développement.

J’ai commencé à travers les heures

à tourner poussé par l’esprit et le rythme

qui à travers l’éther glissent.

Assiégé par un ennui sans trêve,

Dans la place forte de mon cœur,

je me vis heureux, en train de chanter et de danser.

Tony Guerrero (traduit de l'espagnol par Annie Arroyo)

lundi 31 janvier 2011

Des poèmes pour briser le silence-31 janvier

Le vrai amour

Même si on ne me laisse pas regarder la lune

ni l’arbre desséché par le lent hiver,

même si on m’empêche d’allumer le feu,

de jouer au songe avec la cendre,

cela ne veut pas dire qu’est perdu

ce pur amour que de mes yeux

et de mes mains je forge et j’ai forgé

pour d’autres yeux, pour d’autres mains.

L’amour qui expire n’est pas l’amour.

Le vrai amour appartient

à l’ensemble du temps et à la terre entière,

il affronte sans crainte les tempêtes,

il résiste même au tranchant de la mort

et, comme la nature, est éternel.


Tony Guerrero (traduit de l'espagnol par Annie Arroyo)

dimanche 30 janvier 2011

Des poèmes pour briser le silence-30 janvier

Je suis heureux

Je suis heureux de cet isolement

où tout à mon aise je paresse

contemplant mon âme qui erre

dans le lointain jusqu’à la perdre.

Je suis heureux de ce silence

où je peux m’écouter moi-même

sans que me perturbe rien d’extérieur,

sans que le temps me cherche et me trouve.

Je suis heureux ainsi, ni plus ni moins,

sans y penser, en respirant

les atomes qui s’entremêlent en nous,

plongé dans le cœur d’un être.


Tony Guerrero (traduit de l'espagnol par Annie Arroyo)

samedi 29 janvier 2011

Des poèmes pour briser le silence- 29 janvier

La nuit est tombée

La nuit est tombée alors que je lisais un livre

(un qui était tombé entre mes mains)

dont le sujet creux et sinistre

avait à peine pour moi un sens.

Je pensai aux grands écrivains

capables de recueillir la lumière

Et toute la beauté du monde

dans des pages impérissables.

Je fermai le livre, je fermai les yeux,

et me vis à l’instant entouré

D’une éclatante lumière de soleil et de lune,

d’amour et de paix, et je compris :

Le trésor que nous cherchons dans les livres,

nous l’amassons au creux de notre âme.


Antonio Guerrero

jeudi 27 janvier 2011

Des poèmes pour briser le silence- 28 janvier

L’origine de ce jour sans but

qui au gré du vent de la vie

répand sur moi une lueur d’aurore

jamais n’est une perte mais un gain.

Cette succession de soirs

sans parfums, sans échos, sans couleurs,

qui fige mon imparfaite substance

jamais n’est une perte mais un gain.

Ce temps chargé de pauses

qui empêche mon amour de mûrir,

crépuscule en un lieu sombre

comme un interminable chemin

parmi des ombres qui s’allongent et tremblent,

jamais n’est une perte mais un gain.


Tony Guerrero (traduit de l'espagnol par Annie Arroyo)

Des poèmes pour briser le silence- 27 janvier

Cuando cierran

Cuando cierran la puerta de hierro
silbadores vientos de huracan
encima se me echan y me apagan
el candil, parpadeando en mis manos.
La celda se vuelve una laguna
en la que yacen palomas muertas
y por mi trepa su olor a espanto
como si las sombras me embistieran.
Con mi inofensivo corazon
desgarro el silencio congelado,
adelgazo ausencias prolongadas
hasta que la larga noche pasa
y todas las tinieblas se esfuman
envueltas en la luz matutina.


Antonio Guerrero

mercredi 26 janvier 2011

Des poèmes pour briser les silences: 26 janvier

Ce qui arrive
Ce qui arrive, c’est que l’injustice continue.
Ce qui arrive, c’est que je porte une boite noire.
Ce qui arrive, c’est que c’est moi qui le dis ;
Ce qui arrive, c’est que je voudrais que tu me croies.
Ce qui arrive, c’est que je vole sans angoisse.
Ce qui arrive, c’est que je secoue mes veines.
Ce qui arrive, c’est que deux soleils se croisent ;
Ce qui arrive, c’est que les pierres s’assombrissent.
Ce qui arrive, c’est que l’odeur n’est pas celle des champs.
Ce qui arrive, c’est que mes heures ont un maître.
Ce qui arrive, c’est que les murs se joignent.
Ce qui arrive, c’est qu’un frère sourit.
Ce qui arrive, c’est que dans ma poitrine naît
une sérénité et cela arrive.
Mardi, 26 janvier 2010

Tony Guerrero (traduit de l'espagnol par Annie Arroyo)