vendredi 20 octobre 2017

Éminence dorée



Penchée sur notre épaule,
L’échine déjetée,
Tu œuvres derrière nous
Au lire et à l’écrire ;
Tu es en quelque sorte
L’éminence dorée
De nos heures silencieuses
Où l’homme, de ses yeux,
Ravive l’esprit des morts
En parcourant leurs mots,
Où l’homme, de sa main,
Une plume en son creux,
Avive l’âme des vivants
En y coulant son encre,
En y coulant son sang.

Tout ce que l’homme lit,
Ton œil l’a déjà  lu,
Tout ce que l’homme écrit,
Ton œil le lit aussi.
D’ailleurs, qu’il se détourne,
Et nous voilà perdus,
Que ton regard s’éclipse
Et nous voilà aveugles.
Penchée sur nos besognes
Le dos toujours voûté,
Éminence dorée
De nos heures laborieuses.