mercredi 4 juin 2014

Je cours


Je cours,
Le souffle court le pouls inquiet,
Au bord du gouffre au bord des larmes,
Toujours avide d’horizons.

Je cours,
Même immobile sur des rails,
Même immobile sur des roues,
L’œil coulant d’encres en écrans.

Je cours,
Pieds en feu sur la terre froide,
La langue entravée dans la gorge,
Les mains saignant de dons enfuis.

Le pouls battu par tous les flux,
Scandé par la fureur du monde,
Insatiable de lendemains,
Je cours.

jeudi 15 mai 2014

J'explose


J’explose,
Comme un volcan croulant
Sous dix siècles de cendres
Et qui soudain s’éveille.

J’explose,
D’une nappe de larmes
Jaillissant en lézardes
De mes yeux pétrifiés.

J’explose
D’une averse de cris
Toute une vie reclus
Dans un ciel de murmures.


De ces yeux qui brûlent à petit feu,
De ces lèvres qui battent à petits cris,
De ce cœur qui parle à petits mots,
J’explose.



mardi 22 avril 2014

L'énigme du jour

Il lui reste peu de temps,
Et pourtant elle le prend.
Tremblante dans tous ses gestes
Mais précise autant qu’alerte,
Elle marche, parle et pense
Avec la lente assurance
Qu’offre la répétition
Inlassable du semblable.
Si on la dit raisonnable,
C’est qu’on oublie ses passions,
Les plus sourdes, les plus rudes,
Aiguisées par l’expérience
Et l’effroi des solitudes
Puis vécues dans le silence.

vendredi 18 avril 2014

vendredi 28 mars 2014

Location & Liberté



J’ai pour exister un bel appartement, une voiture confortable et un emploi décent. Bien qu’on m’en ait donné mille fois l’occasion, je ne possède aucun de ces agréments. Malgré les égards de mon agence immobilière, les offres de mon garagiste et les enchères de mon patron, je reste locataire...de mon toit, de mon volant, de mon bureau. Car je veux rester libre.

J’ai pour me damner un petit bout de trottoir dans un bois très urbain. J’y vais depuis longtemps, et j’ai pour une certaine artisane d’un antédiluvien métier un entrain sans cesse renouvelé. Entrain qu’elle semble partager à tel point qu’elle voudrait désormais m’offrir ses services gratis pro deo. Mais je préfère les louer. Car je veux rester libre.

J’ai pour me sauver une petite chapelle bien douillette. J’y prie depuis les lustres, je m’y confesse aussi, et le majordome de la maison de Dieu connaît par cœur les errances de mon corps et les vicissitudes de mon âme. Il m’a fait comprendre qu’avec quelque obole, une assiduité sans faille au sermon et son poids en missel, je pouvais espérer le pardon et racheter mes péchés. Mais je préfère les louer. Car je veux rester libre.

mercredi 26 mars 2014

L'énigme du jour



J’ai de l’indifférence le masque sans apprêts ;
Si par mégarde il tombe, je change de couleur,
Aussitôt je bégaye, je suis prise de chaleur
Et un ballet de gênes commence sur mes traits.

vendredi 7 mars 2014

L'énigme du jour



Je suis ce temple où chaque jour
Des fidèles aux fluettes silhouettes
Viennent se prosterner
Sur mes autels de chêne,
Devant mes apôtres gisants,
Le corps ouvert en deux,
Impassibles et muets.

Je suis ce théâtre de murmures
Où chaque jour se joue
Un rite anthropophage
Et silencieux ;
Où les vivants dévorent
Les morts avec leurs yeux
Assoiffés des traces
Laissés par un monde
Déjà révolu.

La nuit,
Mes apôtres dorment debout,
Bien serrés côte-à-côte
Dans l’ordre et le silence ;
Aucun frémissement
Ne trahit leur attente ;
Pourtant, combien ils rêvent
De s’ouvrir à nouveau
Et de s’offrir à nu
A un regard curieux,
A une main caressante !