mardi 25 février 2014

L'énigme du jour


Le clown en est un maître,
Le maître s’en indigne.
Elle déforme nos traits
Pour dire ce que l’on tait,
Montrer ce que l’on cache;
Dans l’argile du muscle,
Elle sculpte d’improbable
La face de l’émoi.

samedi 22 février 2014

L'énigme du jour


Elle plonge ses racines dans l'abîme,

Son tronc horizontal roule dans le vent,

Sa feuillée d'écume danse sur le sable.

lundi 17 février 2014

Alexis de Tocqueville, "Mémoire sur le paupérisme", 1835.


Ne nous livrons donc point à de dangereuses illusions, fixons sur l'avenir des sociétés modernes un regard calme et tranquille. Ne nous laissons pas enivrer par le spectacle de sa grandeur; ne nous décourageons pas à la vue de ses misères. A mesure que le mouvement actuel de la civilisation se continuera, on verra croître les jouissances du plus grand nombre; la société deviendra plus perfectionnée, plus savante; l'existence sera plus aisée, plus douce, plus ornée, plus longue; mais en même temps, sachons le prévoir, le nombre de ceux qui auront besoin de recourir à l'appui de leurs semblables pour recueillir une faible part de tous ces biens, le nombre de ceux-là s'accroîtra sans cesse. On pourra ralentir ce double mouvement; les circonstances particulières dans lesquelles les différents peuples sont placés précipiteront ou suspendront son cours; mais il n'est donné à personne de l'arrêter. Hâtons-nous donc de chercher les moyens d'atténuer les maux inévitables qu'il est déjà facile de prévoir.

jeudi 13 février 2014

L'énigme du jour

On ne le voit qu'en fermant l'œil.
Œil qui en manque s'alourdit;
Œil qui en jouit, paupière flanche,
Blanche est la nuit quand il s'enfuit.

mercredi 4 décembre 2013

Lampedusa



Larme de sang noir séchée en croûte d’infortunes

Au soleil et au sel d'un mirage européen,

Morceau de Nord jeté aux naufragés du Sud

Partis la mort aux trousses, errant la mort dans l'âme,

Échouant leurs vies improbables sur tes côtes impeccables...

Depuis la corne brisée de l’Afrique en détresse

Un flot perpétuel d’ombres intrépides

S’échappe sur des radeaux d’écume blanche comme le rêve,

Amère comme l’abîme, fragile comme la vie.

mercredi 20 novembre 2013

A mains nues (Ton corps en paysage, 1)



Tes cheveux sont des lianes
Où mon regard se jette,
Se balance et se coupe
Aux serpes de tes boucles…
Et mes mains qui les suivent
Glissent jusqu’à leurs pointes
Et s’arrêtent.

Suspendus dans le vide,
Entre ciel et chair,
Au faîte de la falaise d’ivoire de ton dos,
Les phalanges écarquillées et tremblantes,
Au vent fougueux du désir
Elles gonflent leur paume
De caresses à venir…

Puis la voile de mes mains,
Toute chargée d’attente,
Libère dans un claquement
Une fine pluie de doigts
Qui tombent tombent tombent
Pour éclater enfin
En panache de pulpe
Sur la chute de tes reins.