Alain Caillé, philosophe, Libération, le 9 novembre 2010.
lundi 22 novembre 2010
Contre la démesure qui ronge le siècle
Seule l'affirmation du principe inconditionnel de commune humanité et l'institution conjointe d'un revenu minimum et d'un revenu maximum peut nous donner de vraies chances d'éviter la double catastrophe qui nous guette à brève échéance: celle d'une dégradation dramatique et irréversible de l'environnement naturel et celle du déchaînement de la guerre de tous contre tous.
dimanche 14 novembre 2010
Paroles d'un prédicateur visionnaire
Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit,
Henri Lacordaire, 52e Conférence de Notre-Dame, 1848.
lundi 18 octobre 2010
Le cinéma: petit portrait d'un Art en demi-teinte.
"Le cinéma, c'est l'écriture moderne dont l'encre est la lumière"
Cocteau
Partons de ce magnifique aphorisme pour pointer les zones d'ombres d'un art qui, s'il joue avec la lumière, ne manque pas non plus de se brûler aux feux des rampes bien lustrées des industries de l'imaginaire.
Art collectif, art international, art pluri-technique, art multimédia: art total?
Rhétorique...
Le cinéma a le pouvoir d'aller porter ses feux là où l'oeil de l'homme n'ose pas s'aventurer (l'intolérable de notre présent ou l’irréversible de notre passé): c'est vrai...mais hélas, il a aussi la faiblesse de se complaire dans ces territoires sur-éclairés, que les phares des borgnes qui sont nos rois pointent avec application.
Rhétorique...
Le cinéma a le pouvoir d'aller porter ses feux là où l'oeil de l'homme n'ose pas s'aventurer (l'intolérable de notre présent ou l’irréversible de notre passé): c'est vrai...mais hélas, il a aussi la faiblesse de se complaire dans ces territoires sur-éclairés, que les phares des borgnes qui sont nos rois pointent avec application.
Loin d’aider l’homme à dévoiler le réel dans sa vastitude et sa complexité, le 7ème Art accompagne alors ceux qui voudraient qu’on soit captifs d’un imaginaire imposé, étriqué et docile!
Jusqu’à quand les stades, les commissariats, les champs de bataille, mettront-ils en scène des sportifs héroïques ou déchus, des policiers vertueux ou véreux, des soldats humanistes ou des victimes coupables? Jusqu’à quand cette dialectique stérile d’ombres muettes fera-t-elle spectacle aux yeux des hommes?
Jusqu’à quand l’encre de lumière viendra-t-elle s’échouer dans ces lupanars alanguis pour voyeurs malvoyants que sont nos salles obscures?...les bien nommées!
Point là de prophétie: le dénouement échoit aux spectateurs! Avec, à vrai dire, peu de suspense: c'est à qui du citoyen ou du consommateur, posera d’abord son séant dans les salles de demain!
“Plus claire la lumière, plus sombre l'obscurité... Il est impossible d'apprécier correctement la lumière sans connaître les ténèbres.”
Sartre
vendredi 20 août 2010
lundi 21 juin 2010
Aphorisme...de circonstance
Le jeu sans ballon est au football ce que l'art du silence est à la musique...le joueur qui place ses foulées dans la grâce de l'instant et du lieu est tel le compositeur posant sur la partition le soupir qui donnera sens à sa phrase musicale.
mercredi 19 mai 2010
De la mousse pour les masses:
Nous sommes entrés dans un système de production où de plus en plus de biens informationnels et culturels voient leur valeur mesurée à l'aune du volume qu'ils occupent dans l'espace social (presse, Web, cinéma, littérature, publicité, scène politique, etc...), et non de la qualité de leur contenu: dans le jargon journalistique d'aujourd'hui, on parle de culture du BUZZ (CultureBUZZ est d'ailleurs le nom d'une agence de communication spécialisée dans le marketing dit "viral", c'est-à-dire visant à créer des informations se propageant selon les mêmes caractéristiques qu'un virus, par une chaine d'infections-réplications: la métaphore, assumée par les intéressés, est éloquente!).
Se développent ainsi des biens culturels que j'assimile à des mousses car ils ont la propriété d'avoir un rapport volume/masse gigantesque, c'est-à-dire de prendre une place dans les médias et l'espace public disproportionnée en comparaison de leur importance quant aux affaires humaines (la presse people en fait partie, mais il serait injuste de ne stigmatiser que ces relais de potins; la surenchère de publicité, de jeux de hasards, de sports paricipe tout autant de ce phénomène!); enfin, comme les bulles de l'écume, ils se désagrégent très rapidement, vite remplacés par de semblables spumosités...La prolifération des mousses dans l'espace culturel a le même effet néfaste que sur les toits de tuile; seulement, alors que sur ces derniers, ce sont les infiltrations d'eau que la mousse favorise, c'est l'intrusion (car pour beaucoup d'entre nous, il s'agit bien d'"intrus" dont nous aurions préféré nous passer) d'informations parasitaires que la "culture mousse" catalyse.
En outre, non seulement les informations et biens culturels mousseux envahissent nos écrans, nos ondes et nos journaux, mais ils ont également pour effet d'ignifuger le substrat social auquel ils s'appliquent. Tous comme les mousses d'extincteurs contiennent les flammes des incendies, les mousses culturelles étouffent le feu des consciences citoyennes. Car pour agir sur le monde, il faut d'abord le comprendre. Et pour le comprendre, il faut pouvoir l'observer, sans écrans de fumée ni nappes de trouble écume. Les pouvoirs politico-économico-médiatiques ont bien compris, et depuis fort longtemps, que l'arme la plus efficace contre l'instabilité sociale -hantise honnie des marchés- n'était pas forcément la poudre à canon. Souvent, le bain glacé de l'austérité couvert de la mousse volatile d'une culture sans consistance suffit! Avec l'arrivée de l'internet, de la télévision numérique et des journaux gratuits, l'expansionnisme et la vitesse de renouvellement des mousses ignifugeantes se sont considérablement accrus! Débordées, les consciences individuelles ont du mal à réagir aux évènements qui les touchent au premier chef et qui sont souvent maquillés en faits divers; asphyxiée, la citoyenneté même est mise en péril! Car dans un régime politique où les hommes passent leur temps à lire, écouter, regarder et consommer du vide, le risque est grand qu'ils finissent, un jour, par l'être à leur tour.
jeudi 29 avril 2010
lundi 29 mars 2010
GAZA
Gaza, terre sans droit pour un peuple sans terre,
A l'horizon: le Mur, au quotidien: la guerre,
Zone d'ombre en Orient, bande de mille plaies,
Au sort de ton béton celui de l'homme est lié.
A l'horizon: le Mur, au quotidien: la guerre,
Zone d'ombre en Orient, bande de mille plaies,
Au sort de ton béton celui de l'homme est lié.
lundi 22 mars 2010
jeudi 11 février 2010
Port-au-Prince
Port où n'appareillent que des vaisseaux fantômes
Où s'écroulent les murs, où s'écoule le sang
Où s'écroulent les murs, où s'écoule le sang
Ruisselant des collines délaissées des hommes
Tant leur avidité en a tari les flancs.
Assis sur la faille d'une histoire violée
Uni par des parias, nègres ou flibustiers,
Port-au-Prince est l'esclave d'une providence
Assis sur la faille d'une histoire violée
Uni par des parias, nègres ou flibustiers,
Port-au-Prince est l'esclave d'une providence
Rancunière qui, dans la glaise ou dans le sang,
Inondation après séisme, patiemment
Noie cette écume noire qui eut l'arrogance
Coupable d'aller rouler ses flots loin des cales
Eclairées des canonnières occidentales.
Inondation après séisme, patiemment
Noie cette écume noire qui eut l'arrogance
Coupable d'aller rouler ses flots loin des cales
Eclairées des canonnières occidentales.
samedi 16 janvier 2010
Fable sur la grandeur de l'avarice
Le panache du ladre
L'indécence dans le profit
N'ôte pas toujours aux nantis
Le panache et le sens du drame;
J'en veux pour preuve cette trame
D'une lointaine tragédie
Où un Crésus laissa la vie:
Dans une contrée reculée
D'un duché gorgé de bandits
Un noble un beau soir se perdit...
Croyant poursuivre du gibier,
Il s'enfonça dans un bosquet
Et fut soudain tout ébaubi
Lorsque se planta devant lui
Un va-nu-pieds tout efflanqué.
La faux brandie et l'oeil avide,
Il s'avança vers le seigneur
Et de son haleine fétide
Lui intima d'un ton railleur:
"Hé l'ami! La bourse ou la vie?
Et t'avise'pas d'tergiverser!"
Le noble n'en eut point l'envie:
"La vie: plutôt mort que ruiné!"
Le trait était bien inspiré,
Il n'en fut pas moins ignoré:
Notre homme mourut fauché
Au sens propre et au figuré.
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