Je suis né aux Enfers
Du mariage posthume
De l’algue et de la pierre,
Je suis fils des profondeurs
De la Terre et du Temps,
Fils de la fièvre aussi...
De mon berceau cambrien
A ma fougue jurassique,
J’ai jailli d’eaux paraliques
Où s’essouffle le flux,
Où se met en suspens
Dans une lagune tiède,
Dans un delta atone,
La pulsation du monde...
C’est dans cette tombe du temps
Où la mort semble vivante,
Que j’ai dormi des ères entières
Sur un matelas aquatique,
Sous un plafond combustible,
Bien couvé par ma roche-mère.
Puis l’Homme un jour m’a
réveillé,
D’un trépans mal assuré,
Voici une pincée de siècles,
Il a percé ma chambre chaude,
Ce sépulcre fécond
Où je mijotais la mort
A longueur d’éternité.