Étendue sur l'herbe de cristal, nue,
Elle ignore mon passage,
La tête tournée vers le creux du vallon,
Soupirant doucement des nuages à chaque
respiration.
Immobile, si elle bouge la tête ou son
corps délié,
C'est lentement, avec la nonchalante
gravité d'une déesse.
Cette présence sereine, insensible au gel
figeant le temps
Comme aux petites choses faisant mine de se
dérouler tout autour,
A commencer par le clapotis de mon
existence quelques pas plus haut,
Cette attente élégamment ouverte à l'ennui,
qui me dit :
« Rien n'est plus important ici que moi,
Ma présence est l'unique spectacle, mes
gestes les seuls événements »,
Confèrent un érotisme insolite au tableau
de cette vache
Allongée au milieu du champ couvert de
givre.