On use de sa
vitalité selon son caractère. Certains la délayent de façon régulière, comme un
fleuve tranquille, sans écluse ni cataracte, avec une présence de chaque
instant dans les mots et les gestes. D’autres la gardent pour les moments de
panache et sont en état de veille le reste du temps. D’autres encore ne savent
que la contenir et n’en laissent filtrer qu’un mince filet tandis qu’une vie
bouillonnante reste en eux prisonnière.
lundi 19 juin 2017
lundi 29 mai 2017
lundi 6 février 2017
Universelle souffrance
Toute rencontre amoureuse nous semble unique ; l’amoureux se sent en quelque sorte élu, lui, parmi des milliers d’autres, pour ce qu’il a de plus singulier, pour ses qualités les plus personnelles, pour sa façon d’être irréductiblement sienne.
Quand vient la rupture, l’amoureux délaissé est rejeté dans le commun. Son immense souffrance, qui est d’abord celle de la perte d’une partie de soi –car aimer c’est sentir par un deuxième corps, vivre par un deuxième être – est aussi celle d’un retour à l’indistinction.
La section du lien amoureux rejette les êtres auparavant noués en une tresse unique dans la masse des cœurs semblables. Atomisé, dénudé, soudain identique à tous les autres, l’amoureux délaissé se sent comme un quidam parmi les quidam, c’est-à-dire le plus misérable des hommes.
Ainsi le bonheur amoureux est-il toujours, au sens propre, un bonheur existentiel, car si être aimé d’un autre c’est devenir quelqu’un d’autre, c’est avant tout devenir quelqu’un, c’est exister de façon singulière.
Le malheur amoureux, par contraposée, est une expérience de l’universel.
La souffrance du commun, de l’indistinction d’une vie insensée car solitaire, privée d’un autre qui la reconnaisse et lui donne sens, est un état connu de tous, tandis que l’élection de l’amour reste le privilège d’un groupe.
Voilà pourquoi la souffrance a des vertus communiantes que le bonheur n’aura jamais : elle est notre lot à tous, le ciment indestructible et glacial de la condition d’être humain, le baptême obligé par lequel il nous faut tous passer et qui nous fait tous frères, frères en absence, frères de sang.
Quand vient la rupture, l’amoureux délaissé est rejeté dans le commun. Son immense souffrance, qui est d’abord celle de la perte d’une partie de soi –car aimer c’est sentir par un deuxième corps, vivre par un deuxième être – est aussi celle d’un retour à l’indistinction.
La section du lien amoureux rejette les êtres auparavant noués en une tresse unique dans la masse des cœurs semblables. Atomisé, dénudé, soudain identique à tous les autres, l’amoureux délaissé se sent comme un quidam parmi les quidam, c’est-à-dire le plus misérable des hommes.
Ainsi le bonheur amoureux est-il toujours, au sens propre, un bonheur existentiel, car si être aimé d’un autre c’est devenir quelqu’un d’autre, c’est avant tout devenir quelqu’un, c’est exister de façon singulière.
Le malheur amoureux, par contraposée, est une expérience de l’universel.
La souffrance du commun, de l’indistinction d’une vie insensée car solitaire, privée d’un autre qui la reconnaisse et lui donne sens, est un état connu de tous, tandis que l’élection de l’amour reste le privilège d’un groupe.
Voilà pourquoi la souffrance a des vertus communiantes que le bonheur n’aura jamais : elle est notre lot à tous, le ciment indestructible et glacial de la condition d’être humain, le baptême obligé par lequel il nous faut tous passer et qui nous fait tous frères, frères en absence, frères de sang.
dimanche 1 janvier 2017
Passions Jedi : les doutes d'Obi-Wan juste après la déroute (fanfiction dans "La revanche des Siths")
Il y a bien longtemps, dans une
galaxie lointaine, très lointaine…
Après la trahison d’Anakin
Skywalker, devenu l’apprenti de Dark Sidious, la République a été abolie et
l’ordre des Jedi décimé. Seuls survivants, Obi Wan Kenobi et le grand maître
Yoda se retrouvent une dernière fois à bord du vaisseau du sénateur Organa avant
d’entrer dans la clandestinité et de trouver refuge dans des zones reculées de
la galaxie. Yoda a donné ses dernières instructions pour que l’existence des
deux enfants de Padmé et d’Anakin soit tenue secrète. Leïa, la fille, sera
confiée au sénateur d’Alderaan ;
Luke, le garçon, sera caché sur Tatooine, sous la protection
d’Obi-Wan. Alors que ce
dernier s’apprête à partir pour un long exil, un doute le tenaille. Et s’il avait failli ? S’il était
responsable de la chute de son padawan. Il se confie à Yoda.
Obi-Wan : Maître…il y a une dernière chose que je voudrais vous dire…
Maître Yoda : Parle, Obi-Wan. A ton écoute je suis, et toujours je
serai.
Obi-Wan : c’est
à propos d’Anakin…
Maître Yoda : Anakin n’est plus, Obi-Wan. En lui, seul le
sith existe désormais. Et le détruire il nous faut.
Obi-Wan : Maître…j’ai vécu
pendant des années à ces côtés, pendant
des années, celui qui a
massacré tous nos novices,
celui qui a voulu étrangler
la mère de ses enfants, n’a suivi que mon enseignement ! Comment pourrais-je ne
pas être responsable de sa chute ?
Maître, j’ai failli dans ma mission ! Il était l’élu, et j’ai
fait de lui le pire des meurtriers de l’histoire
de notre ordre, le pire des traîtres !
Maître Yoda : douloureux sont ces
jours, pour toi, pour nous tous. Aveugles nous avons été ! Quand la force est puissante, difficile il
est d’y renoncer. Dès l’enfance, Dark Vador, par la peur était rongé.
Dès l’enfance, l’éloigner
du pouvoir il nous fallait.
Obi-Wan : vous pensez donc que Qui-Gon s’est trompé en en faisant son apprenti. Vous pensez qu’il aurait fallu le
laisser sur Tatooine vivre sa vie d’esclave avec sa mère ?
Maître Yoda : ce qui est fait est fait,
et défait ne peut être. Un grand maître, Qui-Gon était, mais prendre trop de risques
il aimait. Rendre au fils la liberté, et de la mère, esclave, le séparer, une
grande douleur c’était engendrer! Et la peur est sœur de la douleur…
Obi-Wan : Qui-Gon le savait, mais il était convaincu que le destin d’Anakin valait tous les sacrifices,
qu’il ramènerait l’équilibre dans la force !
Maître Yoda : Et de cela, nous tous il
a su convaincre ! Mais
responsable, Qui-Gon n’est
pas ! En ce Skywalker, le côté obscur avait creusé son destin. Et revoir la prophétie, à présent il
nous faut.
C3PO, inclinant la tête comme
pour s’excuser de prendre la parole :
Maître Yoda, si je puis me
permettre, j’ai observé Anakin et Princesse Padmé de près quand leur amour était
clandestin et je dois dire que je n’ai
jamais vu d’amour plus sincère –bon, c’est
vrai, l’amour n’est pas ma spécialité, mais je
vois mal comment de si doux sentiments auraient pu entraîner Anakin dans des
profondeurs aussi sombres !
Obi-Wan, regardant par terre,
désemparé mais acquiesçant aux mots de C-3PO, puis s’emportant soudain : C-3PO a raison, Maître !
Anakin n’était pas coupable
de ressentir cet amour, pas plus qu’il
n’était coupable d’éprouver le manque de sa mère quand Qui-Gon l’a emmené loin de Tatouine. C’est nous qui n’avons pas su donner une place à ces sentiments, nous qui sommes
restés empêtrés dans nos
principes au lieu d’écouter ce que cet enfant avait à nous dire…
[Il sort soudain son sabre laser
et le contemple d’un œil hagard, sans agressivité mais avec une profonde
perplexité]
Pourquoi un bon Jedi devrait-il
s’interdire d’aimer ?
Pourquoi faudrait-il nous détacher du monde si nous devons le comprendre et le
protéger ? L’ordre a failli, Maître, nous avons été décimés par deux simples guerriers Siths !
Maître Yoda : Pas deux simples
guerriers, Obi-Wan : l’un, seigneur noir Sith, l’autre si puissant qu’élu nous le
croyions !
Obi-Wan : Mais nous étions des dizaines !
Pourquoi n’avons-nous pas réussi à vaincre ces deux Siths ?
Pourquoi sommes-nous toujours inférieurs
dans les combats ?
Contre Dark Maul, contre le Comte Dooku, c’est toujours à deux que nous allons les affronter ! Comment se peut-il que le
côté obscur soit plus puissant que nous ?
Maître Yoda : Toujours aisée est la destruction ; plus difficile il est de
bâtir ; combattre pour tuer, des Sith c’est la vocation ; naturelle est leur
supériorité dans la
bataille ! C’est ailleurs que nous devons
gagner.
Obi-Wan : Mais vous le savez mieux que moi, Maître, les Sith puisent leurs forces
dans leurs passions ! Toutes leurs passions !
Peut-être devons-nous
apprendre d’eux, peut-être devons-nous apprivoiser nos
passions au lieu de les nier. Je me souviens de ce que vous nous avez enseigné,
je me souviens précisément des mots que vous utilisiez : « Exerce
ta volonté à renoncer à tout ce que tu redoutes de perdre un jour. » Maître,
pardonnez-moi, mais je crois désormais que vous vous êtes trompé. Je crois
désormais que seul le côté obscur peut tirer partie d’une telle règle, je crois
au contraire qu’il faut défendre à tout prix ce que l’on ne veut pas perdre et
je crois qu’Anakin a sombré à force de renoncement.
Maître Yoda : Ta colère, je comprends, Obi-Wan. Mais maître de tes esprits tu dois rester.
Renoncer n’est pas
abandonner. Pour servir les siens, parfois, renoncer à eux il est préférable. Difficile est cette épreuve…pour les Sith, la puissance de la force, est tout. Pour nous
Jedi, un simple moyen est la force :
la justice notre fin. C’est
pourquoi des passions il faut nous méfier.
Obi-Wan : Je crois au contraire que nous devons
trouver la place qui leur revient. Ne voyez-vous pas que nous sommes faibles ? Qui-Gon a été tué par
Dark Maul, Anak…Dark Vador a
décimé le conseil Jedi et vous avez échoué contre
Dark Sidious. Nous devons devenir plus forts, grand Maître !
Maître Yoda : Autre est notre force ! Dans notre cause, dans la
communauté de nos faiblesses, dans l’équilibre que nous voulons pour la force.
Obi-Wan : Cet équilibre
viendra-t-il un jour ?
La prophétie ne s’est pas réalisée : Anakin n’était pas l’élu !
La force est plus obscure que jamais :
et nous ne sommes plus que deux !
R2D2, un peu irrité, émet des
sons psychédéliques.
C-3PO : Oui, je suis tout à fait d’accord
avec R2D2 : vous
pouvez aussi compter sur nous pour défendre
la justice dans la galaxie.
Obi-Wan : Oui, bien sûr, R2. Toi et C3PO êtes
nos plus infaillibles soutiens droïdes. Mais je parlais des Jedis : nous ne sommes plus que
deux désormais.
Maître Yoda : D’autres Jedis ailleurs pourraient survivre. Un jour nous les
retrouverons. Et les enfants, Obi-Wan. Les enfants, tu oublies. En eux, une
grande force, je pressens.
Obi-wan : Mais il faudra des années avant qu’ils puissent nous rejoindre. Et qui sait ce que le monde sera
devenu alors, et si nous aurons survécu !
Maître Yoda : Espoir il faut garder,
Obi-Wan ! Si écouter tes sentiments tu désires, écoute celui-là : l’espoir !
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