jeudi 11 février 2010

Port-au-Prince



Port où n'appareillent que des vaisseaux fantômes
Où s'écroulent les murs, où s'écoule le sang
Ruisselant des collines délaissées des hommes
Tant leur avidité en a tari les flancs.

Assis sur la faille d'une histoire violée
Uni par des parias, nègres ou flibustiers,

Port-au-Prince est l'esclave d'une providence
Rancunière qui, dans la glaise ou dans le sang,
Inondation après séisme, patiemment
Noie cette écume noire qui eut l'arrogance
Coupable d'aller rouler ses flots loin des cales
Eclairées des canonnières occidentales.

samedi 16 janvier 2010

Fable sur la grandeur de l'avarice



Le panache du ladre

L'indécence dans le profit
N'ôte pas toujours aux nantis
Le panache et le sens du drame;
J'en veux pour preuve cette trame
D'une lointaine tragédie
Où un Crésus laissa la vie:

Dans une contrée reculée
D'un duché gorgé de bandits
Un noble un beau soir se perdit...
Croyant poursuivre du gibier,
Il s'enfonça dans un bosquet
Et fut soudain tout ébaubi
Lorsque se planta devant lui
Un va-nu-pieds tout efflanqué.
La faux brandie et l'oeil avide,
Il s'avança vers le seigneur
Et de son haleine fétide
Lui intima d'un ton railleur:

"Hé l'ami! La bourse ou la vie?
Et t'avise'pas d'tergiverser!"

Le noble n'en eut point l'envie:

"La vie: plutôt mort que ruiné!"

Le trait était bien inspiré,
Il n'en fut pas moins ignoré:
Notre homme mourut fauché
Au sens propre et au figuré.

Sourcière de l'âme,
La plume trace son lit d'encre
Dans le désert de nos actes manqués.

vendredi 27 novembre 2009

La femme, un personnage encombré!

Il est remarquable que le sexe dont on célèbre le plus la nudité dans l'art comme dans les médias soit, au sein de l'espace public, le plus chargé d'attributs superfétatoires. La femme ne gagne en effet sa féminité qu'au prix de nombreux ornements d'une silhouette qui in naturalibus est toujours suspecte des sournoiseries antagonistes que sont la séduction et l'androgénie. Comme si l'on craignait à la fois que la femme ne soit trop femme -c'est-à-dire séductrice- et qu'elle ne le soit pas assez au risque d'une confusion avec l'autre sexe -le péril androgyne!-.
Ainsi, en sus d'une chevelure généralement abondante et exigeante en soins comme en apprêts, la peau d'une femme se doit d'être fine et douce, et il lui faut habiller son corps d'une multitude d'objets: à son cou pendent des colliers, à ses oreilles des boucles, à ses poignets des bracelets. Enfin, prolongement extra-corporel d'une peau avec laquelle il partage sa substance, le sac-à-main, à la fois ustensile et ornement, vient couronner cet enrobage du corps féminin en même temps qu'il le garantit. En effet, s'il a en partie pour fonction de compenser l'absence fréquente de poches dans la mode féminine -les femmes s'habillent pour plaire et les hommes pour faire, c'est bien connu!-, il sert avant tout d'atelier de conservation du musée d'oeuvres éphémères qu'est le visage de la femme maquillée.
Crayons et pinceaux pour cils et sourcils, tubes de mascara, bâtonnets de rouge à lèvre, boîte de poudre de riz, éponges applicatrices, coton-tiges correcteurs: toute une artillerie lourde veillant au grain...et couvrant le front vénusiaque des assauts imprévus des affects et du temps.
Mais cette logistique de la décoration du visage est à la fois une manne et un fardeau pour la gent féminine. Ainsi, elle y trouve à la fois des ressources variées de mise en valeur plastique et tout un attirail encombrant qu'elle doit traîner avec elle sous peine de voir diminuer l'intérêt qu'on lui porte.
Magnifiée par un revêtement lumineux et coloré, un enrobage parfaitement lisse, un masque capable de cacher la fatigue ou la vieillesse, la femme est aussi empêtrée par les soins constants qu'il lui faut s'administrer pour que la pellicule délicate où elle projette et interprète son personnage ne perde rien de sa superbe.
Si l'on ajoute à cela la pratique des talons hauts et des vêtements moulants, on doit bien se rendre à l'évidence: la beauté qu'autorise ce nuage d'attributs ne peut être que statique! Pas question de courir en talons aiguilles, d'enfourcher un vélo avec une jupe fuseau et encore moins d'abîmer son fard par une sueur importune.

Ainsi, la figure souple et féline de la femme d'intérieur -dans une vision certes plus romantique que consumériste- se trouve au-dehors comme pétrifiée sous l'oeil pervasif et implacable d'une Méduse des canons de beauté. La tigresse d'alcôve s'est faite brebis boiteuse au doux lainage. Certes, d'une laine bigarée et multiple, mais surtout encombrante et étouffante, proliférant sous les injonctions des moutons mâles -à la toison plus courte mais pareillement standardisée-, qui jouissent bassement de voir la beauté de leurs femelles mise en boîte.
Chaque jour qui passe dans ce régime esthétique où la femme s'apprécie à son volume ornemental, et donc à sa statique*, est un enlèvement des sabines auto-perpétré. Nous autres sabins modernes ayant lu Ronsard, écouté Chopin et admiré Manet nous nous ravissons à nous-mêmes la beauté féminine pour aller l'enfermer dans des poupées gigognes dont les vives couleurs et le large sourire nous font oublier le vide et la coformité.
Et qu'importe si nos nymphes ont le corps trop lesté pour courir dans les bois, si nos naïades aux cheveux laqués craignent désormais l'eau des rivières, si nos Eves en mini-jupe laissent pourrir les pommes des jardins suspendus! Les Adams d'aujourd'hui s'en tiennent bien les côtes: "l'on ne peut plus danser, qu'à cela ne tienne: marchons en cadence!"

*à l'inverse du régîme masculin qui pourrait s'analyser comme relevant d'une dynamique de la surexcitaion où l'hyperactivité est le modèle à suivre.

mardi 17 novembre 2009

Vincent Roca, humoriste-poète: digne héritier de Devos!


Vincent ROCA, Michel - wideo
Un ami pépinériste décrit avec poésie. © 2009 PVO Audiovisuel Multimédia - Auteur et interprète : Vincent Roca - Réalisateur : Christophe Franck - Décor : Yves Valente - Créateur lumières : Sébastien Debant - Ingénieur son : Pierre Buisson - Régisseur son : Philippe Blancheteau

dimanche 15 novembre 2009

Le langage est condamné, tel un filet de signes lancé au hasard du monde, à voir la vérité passer toujours entre ses mailles.

mardi 27 octobre 2009

Que cache le nom?

Como les nombres, los pronombres son mascaras, y detras de ellos no hay nadie -salvo, quizá, un nosotros instantáneo que es el parpadeo de un ello igualmente fugaz.

 Octavio Paz,

"Comme les noms, les pronoms sont des masques, et derrière eux il n'y a personne -sauf, peut-être, un nous instantané qui est le frémissement d'un lui pareillement fugace"